mardi 13 septembre 2011

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" Je pars à la rencontre des oiseaux sauvages, je défais dans du bleu, du bleu sans compter, sans compter, ô, défaire sans compter du bleu sur du bleu, des cailloux sur des cailloux, des oiseaux dans le ciel, du vide dans les poches et de l’air dans le vent, des idées dans les poches et de l’air dans le vent, compter un à un les oiseaux dans le ciel, les fleurs jaunes et mauves et le grand ciel qui passe et les oiseaux changeant et le front délacé et la mer en partance et le grand goût des choses et le front éperdu, des lianes sur les troncs, les bambous en cascade, et les cannes au vent.

Un caillou après l’autre, un pas après un autre, il fonce devant, il voit les herbes sèches et les graines qui volent, et, et, le bleu dans le bleu et le ciel dans le ciel, il avance, il voit les mûres mêmes à venir.

Comme une chanson d’été, comme une chanson d’automne, le ciel est bleu, l’herbe est verte, les oiseaux dans le ciel et dans l’air de l’air, et dans le vent, du vent, et au carreau qui vient une ombre se déplace, le fardeau est posé, les comptes sont comptés, il ne restera rien de ce temps qui est passé, il n’en reste qu’un peu de poudre sèche, un peu de poussière, de l’aveu, du sanglot, les arbres sont verts, les chevaux sous les branches : à l’ombre ils se reposent et contemplent le temps, les animaux s’envolent, les herbes sont contentes, les vaches dans le pré mettent des tabliers.



On respire, on est calme, le vent souffle, l’herbe est verte, les toits sont remontés, les papillons au ciel rêvent d’insouciance, une herbe après l’autre : le sol est refoulé, les oiseaux se déplacent, on entend la musique, le calme est revenu, la vie recommencée.

Ils sont vains tous les mots, ils décrivent une absence, un vide à remplacer, les coquilles au dos foulées par les pieds, les escargots aux branches défigurent et entendent, il faut compter les herbes, il faut compter les cailloux, il faut compter les oiseaux, il faut compter le compte et redire l’histoire et voir sur le devant les grands noirs qui regardent, neuf corbeaux musardent, leur vol est arrêté, les arbres meurent et penchent et les graines s’envolent, le souffle au bout du souffle et le vent est posé. "



Texte de Michel Chalandon :
"J’irai vers les oiseaux sauvages. 1 et 2" ... 16 juillet 2010
à lire ICI et ICI

3 commentaires:

w. a dit…

trop beau (textes et dessins)

Ariaga a dit…

Ils ne sont pas vains les mots quand ils sont aussi beaux ...

maria-d a dit…

@ Ariaga ... alors il vous faut aller lire le poète de Franquevaux ici : http://poesieafranquevaux.midiblogs.com/