jeudi 20 octobre 2011

135

.



" il n’a plus rien vu, plus pensé, il voit sur le chemin qui passe une évidente clarté, un rien tenu qui récompense, qui finit sur le sable clair, sur la bouche qui palpite, ô un baiser, une évidente caresse, une espérance de temps arrêté, de frissons suspendus, il attend encore et croit en son éternité,


les tilleuls, le soir, le sable sur le devant, le col, et grand ouvert, un à un les vêtements tombent, il respire et voit les feuilles une à une, et chaque pas, chaque genou posé au coin, en adoration, dans l’ombre qui s’efface dans le soir composé, dans le vivant imposé, une larme et une autre, un sacrifice,


des couronnes, un bouquet de vertus jeté, un bouquet au-delà du reste, les tilleuls, les fleurs, les parfums, ces fruits n’ont rien donné, des espérances parfumées, il rassemble sous les arbres les fleurs passées, seul il tient dans l’ignorance, dans la caresse, dans le tenu si frais et beau, beau,



la chanson tourne sous les branches, sous les bouquets fanés, perdus, une larme et une autre. Les fleurs sont passées et on n’a rien perçu le sel est tombé des branches sur le sable, l’herbe coupée, le tout perdu, le cœur s’abandonne et il compose un souvenir et un encore dans l’escalier, un rien.

Posé, il monte un pas après l’autre, un cœur tranché, un pas, sérieusement appuyé sur chaque marche, il a cru, il les a vu ces tilleuls de juin qui embaument. "








Texte de Michel Chalandon :
Roman, Ô, Arthur. 5, 6, 7, 8.
à lire ICI, ICI, ICI et ICI

1 commentaire:

J... a dit…

Si beau !
Les tilleuls sentent bon et ce coeur qui se tranche entrouvre les lèvres du bonheur.

♥♥♥