" Les erreurs, et puis, et puis, sur la vie, le bâton, le bourdon,
les voyageurs cheminent et les passants passent, ils déposent des
chansons sur le sable, sur les ruines, sur les regards perdus, ils se
noient, ils s’étreignent et tout passe et recommence et tout, tout, ils
s’achèvent, ils mordent et ils disparaissent.
Sur le
haut, un air rêveur, une tension, une emprise, une demande et des refus,
des refus, du poison, des ombres en partage, des remous, ils se
donneront, ensemble, ensemble sur le haut, des postures, des choses, des
retours de main sur les épaules, des doigts pour essuyer les yeux, des
choses.
Pour les choses du reste et des cailloux, sur le haut on voit, on
vit, on tend, on recommence, on n’achève rien, on se tend à l’ombre,
sous les pierres, on épuise les volontés, le regard fuit, il fuit, il
est tenu, il se comprime, on essuie une chose sur le front, sur les
yeux, sur la vie passée.
Sur un présent en haut qui
affronte et compose et détend, il se donne, il est étendu du plat au
plat, de la violence au regard même, du coup porté à la joie pure, les
yeux tordus, les yeux rentrés, il se dispose, il s’échange, il se
domine, il est revenu, il est embrasé et du haut et du bas il se
défigure.
Il s’épanche au temps porté, à la raison pure, sur le devant, il se noierait, il y serait, il forcerait le passage, le passage, la vie errante, les yeux levés, la bouche ouverte pour dire et pour avaler. Des lamentations et un œil perdu au loin, il vient de haut, il vient du haut, il est étendu, et il se tord sur la rive."
Texte de Michel Chalandon : Sur la rive.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire