A
la charge, à l’ouverture, il se confond, il se reprend, il tourne file
et il t’ouvre la place, toute, au plus haut, et le trésor, les paroles
dorées, les visages étendus, la Pâques en carillons, ils sonnent, toute
heure est confondue, tout refrain cherche mâtine.
Il
est au plus haut, rendu aux sommets, il tourne un câble, un câble, un
autre. Et tournent dans le temps le son clair et la cloche, il sonne et
tombe sur le devant, invaincu, de l’ornière au plus haut, le pied dans
la boue, le cœur en ouverture.
Il se ferme, il cherche et je trébuche, je me crois, je suis au carrefour et je sonne, à ta porte, au seuil, la poitrine pressée, il tourne, il se donne et je trébuche.
D’un frère, un frère
noble, une saison de cœurs épanouis, des tirants de fer pour emporter,
la cloche dans le soir, dans le lointain, sonne imperturbablement et
caresse au bout du rien encore.
Il faut sonner et temps et pauses, le silence sur le dos, il attend, il attend et j’espère en une même certitude, je tourne sur le vif, j’esquive et je me noierai dans le tourment de l’eau boueuse et chaude, un fil tiré, un œil tendu, une ombre sur la peau, dans le ciel clair sur la rosée il se tourne, il se cherche.
Je
pense et je le vois, je tourne sur le dos, les membres sont saisis, la
bouche retenue, le cœur déplacé et, reste couché et repose, reste étendu
et sommeille, le jour viendra bien pour un cœur épanoui, croix au
chemin et sel déposé à chaque pierre.
Tu
fermes un œil, tu fermes un autre et tu tournes sur le drap le dos
griffé, la boue à tes chevilles, je vois, je vais, je sombre et
j’arrache toutes les certitudes, enfin je vois et je respire, un son
filé, un œil perdu, un visage séparé d’un tranchant, un fil coupe et
sonne, sonne et tire sur le câble, et tu cherches encore à dire, à
faire.
J’entends
la petite, petite cloche dans le soir, le vent est déposé, le fil est
tendu, la tête embarrassée tinte et cherche la réponse, ils éclatent au
loin, ils tirent le câble.
Il
se donne un moment, il respire encore, je cherche et je trouve, je
respire et le vois, tout est dit dans le cou, le tirant de fer, le
câble, la sonnette, l’alarme, je file un son très doux, je cherche une
fêlure, j’y suis, je reste, je crois, tout est dit pour ce moment, le
fil tenu, le câble tendu, les yeux ouverts, la bouche sûre, elle tinte
encore la petite cloche dans le soir.
Texte de Michel Chalandon : Dans le soir
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