Entends
et vois, tire un peu plus fort. Il coupe et recoupe, signe sur la
pierre un nom, un geste, une figure. Eternellement gravée la pierre
dure, le temps ne s’enfuit pas, il est tendu, figé et dressé sur
l’arrière, là, tenu, sans risque.
Au
bord du toit les oiseaux tournent, le temps figé les yeux perdus, on
est acharné et on tire un lambeau, un lambeau, un autre, du verbe
incarné. La vie est penchée, l’amour est atteint, il fuit au devant, il
tourne sur le rien, une impression de temps fixe, il ne tourne plus ni
ne se donne, ne boit plus et reste au vol.
Entre
les doigts tout le temps passerait, il a glissé et rien n’y resterait.
Laisse couler, laisse descendre, siffle et avale l’air, le ciel perdu,
la couronne héritée, le blanc, la peur en contre. Il est posé, il file,
il laisse couler entre les doigts, entre, d’un ongle à l’autre, en une
pincée, le temps égrené.
Il
est fixé dans le ciel, il est posé sur l’air. Entre les doigts d’un
ongle à l’autre la vie ne passe pas, l’air est atteint, il souffle sur
les doigts, le ciel posé, la bouche ouverte, siffle, aspire, remonte,
détends, retourne. Il est à souffler sur la peau le temps figé à la
pierre dure, le cœur plein posé sur le devant.
Texte de Michel Chalandon : Un flot et une parole à saisir
2 commentaires:
J'♥♥ ♥ +++ ♥
beaucoup
Comment dire les choses ? Comme les oiseaux, si je pouvais m'intégrer à l'intérieur de ton beau travail graphique,comme je serais bien...
merci pour tes visites et belle création.
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