dimanche 16 septembre 2012

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" Ils iront dans l’étang, ils iront dans l’eau tiède, doigts tendus et nerveux et pleins de confusion, ils seront pour les uns, et les autres diront : arrêtez, arrachez, faites voir et dites, dans le vent et dans l’air, dites immédiatement la vérité, êtes vous de vertu, êtes vous de la force.

Ils arrêtent  là, une litanie de marbre, et dans la pourpre et dans l’étang, on jette du métal, des filins de pèche, des cannes de roseau, et dans l’air les oiseaux.







Une boîte pour tous ces outils, ils le disent, le sens est riche, outil et fusil et comme le couteau, ils sont là, les mains pleines et les jambes posées au sol et sur le sable, le sable et le sol, les pieds s’y tordent, les jambes dans l’espace, dans le vent, sous les arbres, les pieds à plat et plantés, ancrés, prêts pour la force, les pieds au sol.






Sur ce temps, ils le comptent et un et deux jours et trois nuits et le reste, le reste du compte et les doigts, les doigts sur la porte, sur le montant de bois, la porte ouverte sur la rue, les pieds au sol et dans la sable et là, posés presque sans rien, avec son couteau seul, de l’air, du vent sur les yeux, la main posée sur le montant, le doigts suivra chaque nervure, les moulures, les défauts de la peinture qui sent. 

Son odeur rafraîchie par la chaleur, les pieds, dans la chaleur, les doigts et seul et presque sans rien et juste son couteau, le temps posé, posé, le temps compté. 

Posé et compté, où sont-ils donc, où sont-ils et quand, quand, le temps compté, le temps posé, le temps placé.







Presque rien, des oiseaux dans l’air et du ciel bleu, immense, les pieds dans le sable avec son couteau, la main sur le bois de la porte, et tic, tac, toc, toc, le temps posé est compté de point en point, un moment et un instant, charmants et de grâce et de rêve et devant, devant, sur le montant, la main et il rêve de force et de liberté, de force dans le vent, de la liberté : les pieds enracinés au sable, au sable, les doigts au bois, au bois, les yeux au ciel, dans le vent des oiseaux, au temps, au temps, et compté et pesé et posé, placé, déplacé, replacé, le poids du corps au sol, la trace est forte, le sable, est écrasé, le poids, tout prend trop de place, trop de temps, trop de, une ère d’immobilité. 





Ils partaient pour l’eau tiède de l’étang, c’est la vie dans cette saison, ils sont au filet et tendus et muets et sans rien, ni autre chose qu’un couteau, à fendre, fendre l’air.






Ils y pensent et pied à pied, et point à point, pour répondre, ils sont perdus au bord, au bord, la chair est posée sans presque rien, un couteau et tout déborde, et tout se croise, les pieds, le sable, le chemin, la vie arrêtée, le temps posé et compté et son reste, son reste, ils se laissent déposer sous les arbres aux oiseaux, dans l’air qui roule, au sable loin, loin des cailloux, loin du rocher, des erreurs, avec le présage et les absences, ils sont plongés en eau tiède et fade, le poids du corps posé au sable, avec un couteau qui tranche, qui tranche ce fil, le fil, de ce miracle, la possibilité, l’air dans les yeux, des oiseaux au cœur et le reste, le miracle toujours, ils y pensent, ils se noieraient et ils sont immobiles. 






Là encore pensant devant la porte, sur le chemin, sans presque rien, sans presque rien, les pieds au sable, la main au bois sur le devant, le temps réservé, présent, présent, sans rien devant, rien derrière, les yeux au lointain, l’air plein d’oiseaux, la confusion, les fils mêlés et le couteau, le couteau, il tranche, il tranchera, il tranchait et la figure et la ligne et les doigts immobiles au bois de la porte entrouverte. Alors les vertus et la force, l’immobilité, ils y pensent, ils y pensent au temps posé, ils frotteront l’air et les cailloux, ils finiront les chansons, ils y pensent, ils y pensent et pied à pied et point à point, pour répondre à l’air et aux oiseaux, au calme, au lointain. A l’horizon, au bord, ils sont perdus et le corps est posé sans presque rien, un couteau, des outils, un fusil, des litanies. Le couteau tranchera chaque fil, chaque peur, chaque erreur. " 






Texte de Michel Chalandon : A fendre l'air
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1 commentaire:

Patrick Lucas a dit…

tout va bien ici
le texte et le dessin

le temps dégouline au calme