samedi 29 septembre 2012

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" Au raclement de la porte, au tremblement de l‘aube, au cri des oiseaux la nuit, le pied est tendu, la vie sursaute, le dormeur lourd et lointain ouvre, ouvre les yeux, il tourne, il se défait, il compte le bruit.  

Ils sont à l’affût, ils y sont, ils chassent et ils tournent. Les oiseaux, la nuit, crient. Ils sont abandonnés et sans grâce et sans rien.

Sur le dos, les draps tordus, les mains arrachées, le visage, les draps autour, le visage est serré, la nuit les oiseaux crient. 

Le cœur éclaboussé, la bouche vide, l’éveillé tourne et  se disperse, il aura besoin du feu et de l’orage, ses oiseaux sont dans la nuit, et plus rien, le silence et la fatigue, une nuit sans sommeil, un réveil sans rien au dehors et les oiseaux et le reste. 

Ils crient ils font du bruit, et au sommeil perdu ils défont, il ferme la fenêtre, il clôt la nuit sur lui-même, sur les absents, sur les oubliés, il se ferme et il distend la vie, il est irréparable, il s’en prend au temps, à la lumière, au vol des oiseaux et au cri. 

Le cri, la bête perdue, les cœurs arrachés, la vie obscure, il se trompe, il est en fuite, il accepte les choses inacceptables, le bruit dans la fureur, l’orage qui ne vient pas, le feu toujours absent, toujours et absent, sans rien, pas de fureur, pas de tapage, de simples bruits espacés, sans rien pour l’effroi.

Tout est nommé et le blanc et le noir et le haut et le bas, le bas, la vie dans le sommeil oublié, dans le temps sans nuance, sans beauté. Des draps autour du cou, des erreurs au plafond, des bruits simples et reconnaissables, sur le front, rien n’avance, les oiseaux crient, la nuit est ouverte. 

Le temps est compté, les erreurs au plafond, il compte et  tire sur les draps autour du visage, tout est porté sur un cou froissé, tordu, pas de fureur, pas d’alarmes, des cris sur le fil, la nuit, les oiseaux passent et les chasseurs chassent, il y faudrait un grand remords.

Pour laver, oublier, se perdre, ne plus tenir et prendre enfin la vie du meilleur côté, la joie, le calme et l’entrain, l’entrain, sortir de l’ombre et laver les fenêtres et les cœurs sans crainte, enfin comprendre, ne tiens rien, laisse, défais le ruban et ouvre tous les cercles. 

Nous avons besoin de feu, et d’orages et de cailloux entre les dents, il nous faut être forts simplement et rejeter, rejeter la souffrance. Il y aura enfin un temps de beauté, de joie, partageons. " 





Texte de Michel Chalandon : Draps tordus 
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1 commentaire:

michel a dit…

"et sans grâce et sans rien",
maintenant je me demande pourquoi sans grâce ? Merci pour le partage !