samedi 12 janvier 2013

284 bis






Entends et vois, tire un peu plus fort. Il coupe et recoupe, signe sur la pierre un nom, un geste, une figure. Eternellement gravée la pierre dure, le temps ne s’enfuit pas, il est tendu, figé et dressé sur l’arrière, là, tenu, sans risque.

Au bord du toit les oiseaux tournent, le temps figé les yeux perdus, on est acharné et on tire un lambeau, un lambeau, un autre, du verbe incarné. La vie est penchée, l’amour est atteint, il fuit au devant, il tourne sur le rien, une impression de temps fixe, il ne tourne plus ni ne se donne, ne boit plus et reste au vol.
 





Entre les doigts tout le temps passerait, il a glissé et rien n’y resterait. Laisse couler, laisse descendre, siffle et avale l’air, le ciel perdu, la couronne héritée, le blanc, la peur en contre. Il est posé, il file, il laisse couler entre les doigts, entre, d’un ongle à l’autre, en une pincée, le temps égrené.






Il est fixé dans le ciel, il est posé sur l’air. Entre les doigts d’un ongle à l’autre la vie ne passe pas, l’air est atteint, il souffle sur les doigts, le ciel posé, la bouche ouverte, siffle, aspire, remonte, détends, retourne. Il est à souffler sur la peau le temps figé à la pierre dure, le cœur plein posé sur le devant.






Autour, une porte, à son linteau le temps fixé, la peur pendue, le ciel y frémit, l’ardeur incroyablement tirée d’un doigt à l’autre, d’une servitude à un exploit, la vie est tirée, le cœur respire, il est posé et sans attente, sans rien, devant de loin, si loin et sur un continent de sable éventé.






Des lueurs tremblantes, des mots posés un à un, d’un doigt, du bout d’un bout de doigt à l’autre, un peu de chair posée fixée dans le ciel clair, un doigt un autre pousse un mot il grave le sable, il tire le sens clair, le temps venu, la vie sans borne, le temps fixé, pierre dure sans aspérité, à partager.


 



Il grave, il grave d’un bout de doigt, les mots prévus, ils disent le début et la parole.






Entends, entends et vois le souffle posé sur la peau et les ongles rien ne dit, rien n’enchante, la vie avance, le ciel est clair, signe, signe et dépose une figure, une image, un morceau de drapeau, un commencement d’histoire.






Le ciel posé, la bouche ouverte, siffle, aspire, remonte, détends, retourne, il est à souffler sur la peau le temps figé, la pierre dure, le cœur plein posé sur le devant, au détour une porte, à son linteau le temps fixé, la peur pendue, le ciel y frémit, l’ardeur incroyablement tirée d’un doigt à l’autre, d’une servitude à un exploit.






 La vie est tirée le cœur respire, il est posé et sans attente, sans rien devant, de loin.






Sans fin, il est venu, il est présent et il tourne entre les doigts un grain, un grain de temps, pierre dure arrêtée, pierre de construction qui monte vers plus haut, un mur, un mur, un flot saisi de paroles.







Texte de Michel Chalandon : Un flot et une parole. 
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