vendredi 25 mai 2012

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" Tous observent, tous voient et comptent et pèsent et constatent : la chair, le verbe, ils sont à l’incarnation, ils sont au contact, ils sont au dire, pour le faire, leur temps est abrupt, le reste rend aveugle dans ce royaume, dans ces contrées ils ont vu naître et grandir et abandonner la chair déliée des os. 

Des corps se passent et se soupèsent, ils sont posés et ils abandonnent de la peau, du nerf et des os sur la plage, sur le sable, les larmes sont amères, les remords toujours là et pour peupler la solitude, pour étendre les voiles des souvenirs, il y avait des étreintes et des morsures et de la chair. 

A l’abandon des erreurs, des ratures, du sel aux yeux, de la douleur et du partir, du flot bleu sur les épaules et sur les bras, sous le soleil en pente claire, une ligne bleue vers l’horizon, un arc de rires et de chansons, je ne sais, je ne sais d’où vient ce tendre épanchement, j’étais roi de ce royaume.

Je chantais, je ne sais, je ne sais d’où vient, ce mouvement inconnu et ce froid, ce froid en souvenirs, qui gela les mots et le temps, suspendu à la tige, perdu entre les grains, sur le sable, sur le dos, dans le vent et la lune, les lueurs vives et les cris, je ne sais d’où vient ce sentiment affectueux.











Texte de Michel Chalandon : De l’agitation pour les plus nombreux. 
à lire ICI, ICI

1 commentaire:

w. a dit…

très beau texte et dessins