dimanche 27 mai 2012

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" Ces malheurs évanouis, ces pieds tordus, cette angoisse et ces prodigues, martyres et abandonnés, rentrant seuls, effarouchés, perdus et fourbus, quittant un soir, un soir de plus la liberté, le seul nom, le seul à dire, la seule façon de grandir sur le sable, accroché aux tiges qui tournent en l’air levées.

Il en faut bien, dans l’air présent sur le souffle, sur la montée face à la mer, aux partances, aux exils, sur le devant, dans la foulée d’un pied blessé, tordu, sur la lumière éclatée, sur le reste, aux autres seul, les autres, seul et perdu, défiguré et étalé sur cette plage, des grains de sable.

Tout est joué, effroi et grandeur, accroché aux tiges, aux arbres, sous les oiseaux, devant le temps passé, devant la clarté bien sûr vive, vive des temps passés, en liberté, au retour, de grande faim et d’espérance et d’espérance, tout est joué dans les yeux, dans les yeux de ceux qui passent.

De ceux qui partent, de ceux qui ont tenu et rampent et accrochent une tige après l’autre, un lys de mer, un lys de mer en fleur et craquelé, le vert est mis, le vert est mis, l’âme est ravie, le pied est peut-être guéri, ils ont vu les voyageurs, ils ont compté leur poids de chair, ils ont ri, ils ont bu. Ils sont fourbus et ils espèrent. "








Texte de Michel Chalandon : De l’agitation pour les plus nombreux. 
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