vendredi 5 octobre 2012

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" Nous étions dans le sable, posés et surtout endormis, languissants, sur le dos, à la face, allongés et perdus au ciel bleu, en soleil et gagnés du sommeil, trop justes, serrés loin, fidèles et perclus et frissonnants. Au fil tendu le monde se retourne, la vie ensuite sur le dos, à la face, au soleil bien trop haut, trop serrés et languissants. 
 
Le sommeil, le ressort, la vie perdue, les orages au loin, si loin, la tension, les brûlures, le sommeil perdu, retrouvé, la vie sur le sable, étendus et sur le ciel bleu perdus. Ils sont en dérive, ils sont au clair, sans forces, abandonnés, l’orage au loin, la suite, la surprise, ils sont fidèles et isolés, perdus de ciel et d’eau salée.

La pente en tournant, le ciel extrêmement lointain, les yeux au fond, au fond les oreilles et la tension certaine, le champ sur le devant. La vérité éloigne, ils ont un bras serré, ils sont une force sans voix, ils geignent en silence et reprennent la place, le soleil haut et loin, la vie écartelée, le sable aux orteils, la vue brouillée d’air et d’huile. 

Le soleil en tournant défait le visage, la peau éclate, os brisés, le cœur en bande, ils se tiennent et commencent le tour, la visite avancée, un retour, sur le dos, à la face. 






Ils cherchent et déplorent, muets et invisibles le monde a vieilli. Erreur propagée, ils sont perdus et fidèles et ils s’obligent, la vie dérive, ils sont perclus et n’osent se dire rangés au soleil, vieille armée, jeune champ et cheveux blancs et tristes, tout est en vol, tout retourne, en trace, la vie, le temps, la clarté même.

Le temps est en attente, la vie tourne au silence, il faut bâtir, élever, reprendre la parole, il faut le verbe et la chair et des cœurs dévorés, sous le soleil, sous le sillon, il faut tracer les lignes et ordonner, remplir toutes les pièces, défendre un avenir, reprendre en main le sens et la raison, ils filent, ils contemplent, ils sont devenus et ils retiennent, le sens, la raison.

Et trouver et reprendre et frémir et tenir, la joie. Ils étaient, ils sont et encore, un moment au sable, au soleil, dans la clarté, au ciel bleu, aux frissons toujours, toujours. "






  
Sur un texte de Michel Chalandon : Nous irons par le sable 
à lire ici : 1 2 3 4 5

4 commentaires:

Patrick Lucas a dit…

le texte et magnifique... plein de vie
et d'énergie

le graphisme de tes dessins et très réussit également

Merci pour ce partage
tu es très généreuse... merci

maria-d a dit…

alors il faut aller lire de poète de Franquevaux
ici

Anonyme a dit…

Maria n'avez vous pas d'autre moyen de communication et de publication ?. Très amicalement, Corinne Cornec Orieska

mémoire du silence a dit…

Bonjour Corinne

Je me souviens de vous. J'ai d'ailleurs dans ma bibliothèque de poésie deux recueils de vous. Je suis désolée de ne pas vous avoir donné réponse plus vite.
Je trouve votre message à l'instant au hasard de vérifications de spam ou autre , il était en modération et je ne reçois pas de mail me signalant la présence de commentaires en modération.

Vous pouvez trouver mes autres blogs en allant sur mon profil ci-dessous
https://www.blogger.com/profile/13378406005282701113

Bien amicalement

Maria